Pauline Fatien Diochon, Maroussia Chanut et Muriel Molinié

Le fait même d’exister précède et dépasse l’Homme. Issu d’un grand mouvement, d’un ordre naturel dans lequel il cherche sa place en tant qu’être culturel, agissant sur son environnement autant qu’il dépend de celui-ci, l’Homme conscient ne cesse de construire sa relation au monde, à la fois dans la réflexion et dans l’action.

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Chanut, M. (2011). Coaching et globalisation: vers une adaptation de la pratique?. Mémoire de DU Coaching en entreprise, IAE Université Jean Moulin Lyon 3.

Texte disponible sur www.phoenixressources.com

La figure de l’éminence grise, d’un tiers qui écoute, tâche de comprendre, d’orienter et de guider les actions des hommes existe depuis l’Antiquité grecque et s’est perpétuée dans la tradition chrétienne. Cet effet Pygmalion a pris différentes formes à travers les siècles, dans notre époque contemporaine il coexiste sous diverses appellations, que ce soit le conseiller, le consultant spécialisé, le mentor, ou bien le coach. On considère que c’est une posture très ancienne qui tirerait ses sources dans la philosophie antique même. On compare souvent le geste du coach au geste socratique, qui par un questionnement particulier va provoquer une réflexion sur soi chez son interlocuteur, et par un phénomène de maïeutique l’amener à puiser dans ses ressources pour accoucher de ses propres solutions.

L’étymologie du mot « coaching » provient de « Kocs » (prononcer « kotch »), une ville de Hongrie, où l’on inventa au 15ème siècle un véhicule rapide et léger, de conception novatrice pour l’époque, qui se répandit ensuite à travers toute l’Europe. Ainsi les mots Coach (anglais), Coche (français, espagnol), Kutsche (allemand) dérivent tous probablement du mot « kocsi », signifiant littéralement « de (la ville de) Kocs » . Le sens moderne du mot « coach » comme « instructeur, entraineur », trouverait son origine dans les années 1830 dans l’argot universitaire d’Oxford, avec l’idée selon laquelle l’étudiant serait convoyé jusqu’à l’examen par son tuteur, comme s’il conduisait une voiture. La connotation sportive serait quand à elle un peu plus récente et daterait de 1861.

Le coaching dans sa forme contemporaine puise dans de nombreuses pratiques d’accompagnement et de développement personnel qui viennent des Etats-Unis. Il est apparu en Europe en tant que forme d’accompagnement spécifique depuis une vingtaine d’années. On remarque que son apparition s’inscrit à la fois dans l’effondrement des institutions tutélaires telles que de la famille, l’Etat, l’Eglise, l’armée, les grands syndicats, dans la perte du sentiment patriotique et de la confiance en un Etat souverain, allié à une injonction de devenir soi-même, de s’auto-entreprendre et de trouver son épanouissement dans le travail.(Halbout, 2010)

Depuis les années quatre-vingt dix le coaching s’est développé au point de devenir une activité commerciale touchant le monde de l’entreprise, hors la connotation sportive. Le coaching comme pratique d’accompagnement est représenté en France aujourd’hui par quatre associations et deux syndicats. On compte aujourd’hui environ dix-huit mille coachs en entreprise en Europe, soit un coach pour quarante-cinq mille habitants. Toutefois l’activité n’est toujours pas officiellement réglementée même si les associations professionnelles font des démarches en ce sens. Il existe des divergences et des écarts très importants dans la conception de la manière dont il doit être pratiqué (choix d’un code de déontologie, supervision, dérives sectaires possibles…) allié au fait que la façon de le pratiquer dépend très étroitement de la personnalité du coach, de ses influences (philosophiques, culturelles) et de ses préférences personnelles. Il est fait état d’une hétérogénéité et d’une malléabilité du coaching. (Fatien, 2008)

Le coaching est un moyen extrêmement puissant pour explorer et aller chercher ses propres ressources, et dépasser des freins psychologiques éventuels. Plus qu’une mode son apparition correspond à des refontes structurelles sociétales en profondeur amenant l’émergence de nouvelles pratiques managériales dans un contexte à complexité grandissante. Il intervient souvent à des phases de transition professionnelle, et permet de dépasser des difficultés et d’améliorer la performance individuelle, de trouver davantage de sens et d’épanouissement dans le travail.

Maroussia Chanut

BIBLIOGRAPHIE:

Gilles, A. (2003). Le coaching, l’irrésistible développement d’une démarche en quête de professionalisation in Allouche, J. (coord.) Encyclopédie des ressources humaines, Paris : Vuibert

COACH (through the Fr. coche, originally from the Magyar hocsi, an adjective from the Hungarian place named Kocs, between Raab and Buda, i.e. the sort of vehicle used there in the 15th century), a large kind of carriage for passengers, 1911 Edition of the Encyclopædia Britannica, http://www.1911encyclopedia.org (dernière consultation mai 2011)

http://www.word-origins.com/definition/coach.html (dernière consultation juillet 2011)

Halbout, R.M. (2010). Savoir être coach: un art, une posture, une éthique, Paris : Eyrolles, p.5

Frank Bresser Consulting. (2009). The state of coaching around the globe, the results of the global coaching survey, p.99

Fatien, P. (2008). Des ambiguïtés des mots /maux du coaching, Nouvelle revue de psychologie, 6, 193-211